La presse en parle
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TRANSFRONTALIER - Cette 12ème édition des Portes Ouvertes de la Vallée met l'accent sur les relations transfrontalières à renouer. Décryptage de liaisons pas si simples.
Saisissant paradoxe : les relations entre français et espagnols n'ont jamais été aussi fermées, depuis que les frontières sont ouvertes. La supression des barrières a marqué une formidable avancée sur le libre échange en même temps qu'elle rétrécissait les liens entre les habitants des deux côtés de la frontière. "Je ne sais pas si c'est pareil dans les zones frontalières avec les autres pays, mais chez nous, le changement a été très net.", note Annie Laxague, Présidente de l'ACVA.
Fort de ce constat, 20 ans après l'ouverture de l'Europe, les habitants de la Vallée, ont souhaité retisser ces liens distendus. Le transfrontalier sera le fil rouge de la douzième édition des Portes Ouvertes qui débute demain. "Nous y avons réfléchi au cours de nos dernières portes ouvertes il y a deux ans, quand on se projetait sur la situation des Aldudes en 2030, rappelle Catherine Oteiza. On se croise mais on ne se connait pas. On a pas l'impression d'être voisins". Comme si une barrière artificielle continuait d'exister au dessus d'Urepel.
Plusieurs raisons expliquent cette situation. La supression des frontières en 1992 a sonné le glas de l'économie souterraine. La contrebande conduisait forcément les habitants des deux côtés de la frontière à se rencontrer régulièrement. Les douaniers ont aussi choisi de s'installer dans la Vallée et d'y batir leur vie avec des filles du cru.
Inconnue à Pampelune
Le changement des institutions a modifié aussi les relations. Plus de douaniers, plus de contrebande, chacun reste chez soi. Même les brebis de Banca ne vont plus paître côté espagnol, une clôture a remplacé les barrières.
La rupture est d'autant plus nette dans le sens Espagne-France "Même de Pampelune, les gens ne connaissent pas la Vallée, ils s'arrêtent à Sorogain mais ne vont pas au delà, remarque Pantxo Hirigaray, éleveur aux Aldudes. Pourtant, on n'est qu'à 35 kilomètres de distance. Moi, quand je vais à Elizondo, je ne connais pas plus de monde qu'à Bayonne. On est à côté, mais on cohabite dans une totale indifférence. C'est quand même dommage. Pourtant, je suis certain que nous avons des intérêts communs.". Pantxo Hirigaray pense bien sûr à l'agriculture, mais pas seulement. "Nous entretenons des relations anonymes, alors que nous avons beaucoup de choses en commun", regrette-t-il.