Aux producteurs de vin s'interrogeant parfois sur l'avenir de leur métier, on devrait enregistrer le déroulement de la fête du vin à Hong Kong et envoyer le DVD. Comme on se passe des photos de vacances les soirs d'hiver, ils pourraient le visionner pour retrouver des forces.

Voir arriver par bus entiers pendant quatre jours - c'était du 27 au 30 octobre -  des milliers de visiteurs pour déguster du vin le long de stands disposés dans la splendide baie de la ville est plus que raffraissant. C'est presque un choc.

Dans une ville qui ignorait presque tout de cette boisson il n'y a pas si longtemps, la greffe a pris. Producteurs et négociants du monde entier ont désormais investi une mégalopole qui a supprimé les taxes à l'importation du vin en 2008. Avec la bénédiction des autoriés de Pékin, Hong Kong est devenu la porte d'entrée de l'immense marché chinois ; et plus largement, la plaque tournante de ce vaste business en Asie.

"Voir arriver les gens par bus entiers pour déguster du vin est spectaculaire dans une ville qui ignorait tout de ce produit il n'y a pas si longtemps"

Rien d'étonnant à ce que Bordeaux ait tissé des liens privilégiés avec cette ville qui attire aussi de plus en plus de touriste. De cette coopération est née cette fête annuelle du vin et de la gastronomie dont c'était la troisième édition. Elle est calquée sur le modèle de celle se tenant les années paries, fin juin, au coeur de Bordeaux (près de 500 000 visiteurs en 2010.

Le concept est similaire : entrée libre et achat de pass donnant droit à déguster sur les stands. Les doses sont réduites et personne ne peut acheter et ouvrir une bouteille sur place (on peut par contre passer commande). Un dispositif évitant les débordements.

Clientèle jeune et chic

A l'heure des bilans, l'édition 2011 affiche 165 000 visiteurs (le nombre de pass vendus n'est pas encore connu). C'était 110 000 en 2010 et  70 000 la première année. "C'est une belle opération pour faire connaître nos bouteilles. La France et Bordeaux jouissent ici d'une excellente réputaion, liée à notre savoir-vivre et à la notiété de nos vins", décripte Xavier Carreau à la tête d'une grosse propriété en Haute Gironde, ce vigneron faisait partie de l'importante délégation d'Aquitaine sur place. Des côtes aux liquoreux, de Saint Emilion au AOC Bordeaux ou Bordeaux supérieur ; sans oublier la Charcuterie bordelaise (Bègles) ou les salaisons de Pierre Oteiza (Les Aldudes, 64). Comme d'autres, Xavier Carreau aura passé huit ou dix jours en Asie pour amortir le déplacement, visiter de nombreux clients et toujours propecter. D'autant qu'un salon professionnel d'envergure sur le vin se tient aussi cette semaine  à Hong-Kong. Sur son stand idéalement placé à l'entrée du festival, Frank Crouzet (Groupe Castel, Blanquefort) et les équipes de son importateur, servent à tour de bras les nombreux verres qui se tendent.

C'est presque la bousculade. La nuit est tombée et gratte-ciel de la baie s'illuminent. Féerique.