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< Retour aux actualitésLa Vallée des Aldudes tente le rapprochement avec ses voisins
TRANSFRONTALIER/MUGAZ BESTALDEKO - Du 9 au 12 octobre, la Vallée des Aldudes organise ses portes ouvertes. Il y a deux ans, l'ACVA (Association des commerçants et agriculteurs de la Vallée des Aldudes) proposait un thème sur "La Vallée des Aldudes en 2030". Cette année, la relation de la vallée avec le voisinage de ("'autre côté" est au centre de l'événement. Le transfrontalier est à l'honneur avec une question : "Qui sont nos voisins ?"
Les organisateurs se sont appuyés sur un constat. Depuis 1992 et la levée des frontières entre la France et l'Espagne, les habitants de la Vallée ne connaissent plus leure voisins frontaliers. Avant, la contrebande entretenait des liens commerciaux forts. Depuis, tout le monde s'ignore et ne regarde plus de l'« autre côté ». La vallée du Baztan, Eugi, Elizondo et d'autres villages espagnols sont méconnus par les habitants de la vallée des Aldudes, et inversement. « Ces portes ouvertes sont là pour essayer de renouer des relations avec ces villages, explique Catherine Oteiza. A l'époque, tout passait entre les vallées : alcool, cigarettes, mais aussi des bêtes. Il y avait également des mariages transfrontaliers... Nos voisins viennent pique-niquer sur les hauteurs du Kintoa, mais ne descendent pas dans les villages ». Les seuls liens qui ont subsisté sont agricoles, via des pâturages partagés.
Depuis quelques années, les mentalités commencent à évoluer pour Catherine Oteiza : « ll y a de plus en plus de petits groupes, dont les comités des fêtes, qui vont volontiers de l'autre côté dè la frontière. Du côté des jeunes, les échanges recommencent. Ils seront d'ailleurs au centre des discussions sur le thème du transfrontalier ». Ce que confirme Malka, propriétaire du bar Alfaro aux Aldudes : « Les échanges restent limités. Les jeunes se connaissent juste avec les fêtes. Mais ça commence à revenir : le 20 septembre dernier, les jeunes ont organisé une fête juste à la frontière, pour la deuxième année consécutive ».
Mais la connaissance de l'autre reste trop limitée. « C'est une démographie, une économie, voire même une langue totalement différente de la nôtre, pour Mme Oteiza. Certains villages sont sujets à la désertification. L'économie est plutôt industrielle : on a appris il n'y a pas longtemps qu'une usine pharmaceutique employait près de 1000 personnes ! Et dans certains villages, le basque ne se parle quasiment plus ».
Un programme riche...
Entre 5000 et 7000 personnes sont venues aux éditions précédentes. Le concours agricole attire, tout comme les portes ouvertes dans les commerces et les fermes, et les inaugurations : le nouveau centre de secours et atelier communal et la nouvelle fromagerie cles Aldudes. Cette année, le transfrontalier rejaillit sur les activités. Notamment du côté de la pelote, avec une confrontation francoespagnole opposant la paire Peyo Goicoechea et Patrick Oçafram contre la paire Mikel Gonzalez et Mikel Goni. La chorale d'Esteribar et les groupes de danse basque de Baztan, Valcarios et Eugi, traverseront aussi la frontière (fictive).
Mais l'ACVA désire avant tout faire participer les populations à cette réflexion de l'échange transfrontalier. Le point d'orgue de la manifestation de ce week-end portes ouvertes sera un débat participatif
télévisé. Pantxika Maitia animera un débat - ou une réflexion - qui sera filmé par l'association Aldudarrak Bideo et retransmis sur Internet.
Des reportages réalisés par la télévision locale du Baztan, émailleront ce plateau participatif. « Ce sera l'occasion de parler des projets communs, actuels et à venir », insiste Ramuntxo Samalbide, secrétaire de la mairie de Banca.
...Fer de lance de projets
Car le but affiché est bien là. Construire des relations durables à travers des projets communs dépassant la frontière. « Mais avant toute chose, il faut mieux se connaître. Lorsque l'on aura fait ce travail de bilan sur les possibilités de chacun, nous pourrons bâtir des projets communs », rappelle le maire d'Urepel, Michel Ernaga. Michel Dendarieta, maire des Aldudes, n'en pense pas moins : « Il faut retrouver ces liens humains, culturels et économiques avant de penser à des projets mutualisés ».
Pourtant ces projets transfrontaliers ont déjà commencé. La commune de Banca travaille avec celle Eugi sur le thème des forges via le centre d'interprétation des mines, lin sentier entre les deux municipalités sera prochainement inauguré.
Aux Aldudes, un projet de route les reliant à Elizondo est à l'étude, tout comme un projet bis de chemin de Compostelle passant par la Vallée avant de rejoindre Saint- Jean-Pied-de-Port. Et si l'ouverture des frontières ne commençait que maintenant ?