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Les euskal etxe : centres culturels, vitrines et relais de la culture basque
Samedi, Peio Oteiza invitait les associations basques à se retrouver et à partager leurs expériences
La "huitième province" du Pays Basque était invitée à se retrouver aux Aldudes le week end dernier.
A l'initiative du production aldudar Peio Oteiza, divers représentants sud réseau français des euskal etxe (maisons basques), entetenu par le gouvernement autonome basque, et de nombreuses associations ou amicales basques expatriées un peu partout dans l'Hexagone, se sont retrouvés samedi pour échanger leurs expériences. Un moment de partage et de grande convivialité, pour ceux qui représentent à la fois des centres culturels, vitrines et relais de la culture basque sur l'ensemble du territoire français.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les échanges entre euskal etxe de France ou d'ailleurs (pas moins de 180 maisons basques à travers le monde) ne sont pas monnaie courante. De fait, une seule rencontre tous les quatre ans entre les etxe du monde entier est organisée de manière pérenne par le gouvernement basque. Mais l'initiative du week-end dernier pourrait bien changer la donne : "A la suite de cette journée, on réfléchit à en faire un événement annuel, ça a comblé un vide", relate Sébastien Daguerre, qui a déjà reçu une proposition en ce sens de la maison bordelaise pour l'an prochain.
Au milieu des chants et des parties de mus, ce jeune président, arrivé en mars dernier à la tête de l'Hexagone, celle de Paris, a pu profiter de la rencontre pour partager l'expérience des autres associations. A ses côtés, pas moins d'une trentaine de personnes étaient venues célébrer la culture basque. Pourtant, dans l'Hexagone, seuls trois établissements sont répertoriés en tant qu'euskal etxe : Paris, Bordeaux et Pau. Mais qu'elles se nomment Lagunt eta maita ("Aider et aimer", à Pau), Euskaldunak, les Basques de Montpellier et sa région, ou Eguzki Loreak Dantzan ("Les fleurs du soleil dansantes", à Toulouse), toutes oeuvrent avec la même ferveur à recréer des liens avec leurs racines, leurs origines, et rencontre bien souvent les mêmes problématiques, face à des objectifs similaires.
"L'idée de départ des Basques de la "première génération", lorsqu'ils ont créé l'euskal etxe de Bordeaux en 1947, était simple : partis du pays pour travailler, ils souhaitaient se regrouper entre eux. Petit à petit, les objectifs se sont multipliés et l'etxe est devenue un lieu où chacun, adhérent, non-adhérent, Basque ou pas, peut "découvrir, apprendre, vivre la culture basque". Nous voulons désormais montrer sur la place bordelaise ce qu'est la culture basque", explique David Mugica, président de l'association. Avec un tiers de "non-basques" comptabilisés en moyenne, rares sont en effet les etxe qui affichent un pourcentage si élevé au sein de leurs activités.
Et lorsqu'on pose la question du phénomène de "mode basque", David Mugica réfute : "Cela vient surtout d'un véritable regain d'intérêt pour retrouver ses origines, parfois lointaines". Sans chercher irrémédiablement à reconstituer tout ce qu'on a quitté au Pays Basque, la quête prendrait ainsi un sens nouveau, la "recherche d'autre chose, peut-être de racines, de rencontres, d'un partage", sans toutefois que rien, jamais, ne soit "systématique"
Souletins, Navarrais et Labourdins
Le public accueilli varie en fonction des secteurs. Si la proportion des Souletins était très importante chez les anciens, de même que celle des Basques du Sud dans les années 1950-1960, "fuyant le fanquisme", la cartographie de leur provenance est aujourd'hui beaucoup plus disparate. Tandis que Pau, "premier maillon dans la chaîne de la diaspora" (environ 1500 adhérents) dit encore voir "une grande prégnance souletine au sein de ses adhérents en raison de l'effondrement de leur bassin d'emploi ces dernières années", l'etxe de Paris, elle, recense "une majorité de Navarrais et de Labourdins, sans identifier de cause unitaire réelle". "Ici, les jeunes d'Iparralde et d'Hegoalde se partagent la vedette, tandis que la féminisation des troupes bat son plein ces dernières années", rapporte Sébastien Daguerre.
A Montpellier en revanche, l'heure n'est pas encore venue de se pencher sur les origines des adhérents : "L'association a été créee fin 2003 à l'initiative de quelques amis d'origine souletine. Mais on essaie encore de se faire connaître auprès des Basques de la région. On a commencé en ouvrant l'annuaire téléphonique et en repérant les noms basques... Aujurd'hui, on dénombre un potentiel de 80 à 100 familles et une soixantaine d'adhérents. Mais beaucoup reste à faire !" sourit le président, Benat Uthurralt.
Apprendre la culture basque
Du côté des activités, si chaque association participe à des événements ponctuels dans sa région d'implantation, les fondamentaux restent les mêmes. Au programme : cours de langue basque, de chants, de danse, tournois de mus, pelote, et repas traditionnels. Constituées de bénévoles, les associations basques souffrent parfois de ne pouvoir mener des projets qu'elles souhaiteraient, "plus ambitieux" ou "originaux".
A Toulouse, la jeune association Eguzki Loreak Dantzan, créée il y a tout juste 18 mois, promeut un modèle un peu différent, puisque résolument tourné vers la danse et la musique basques. Pas question cependant de tomber dans le folklore pour Benat Zintzo-Garmendia, historien-anthropologue : "Je donne une formation, un support pédagogique sur le sens de la danse, des costumes et des rituels. Il s'agit de comprendre et non de faire un folklore de vitrine, une vulgaire imitation". Avec son groupe, l'association s'est déjà produite plus d'une trentaine de fois en spectacle. Un bon début, que Benat espère rapidement voir se concrétiser avec la création d'un véritable etxe.
L'antenne parisienne, elle, profite de l'essor du rugby. Avec une situation devenue stratégique depuis 2002 (déménagement à Saint Ouen) sur la ligne de métro n°13 en direction du Stade de France, Pariseko eskual etxea fait désormais office d'étape incontournable en terme d'activités rugbystiques pour de nombreux jeunes de la capitale. "La retransmission des matchs et les bals contituent un fond supplémentaire pour l'entretien de nos locaux et la diversification de nos activités", se félicite le président.
Pour autant, la question de la longévité des bénévoles grâce auxquels fonctionnent les association reste entière : "Les gens n'ont plus envie d'y être tout le temps. Ils préfèrent parfois venir lorqu'il y a des événements qui marquent l'année. Heureusement qu'il y a un noyau dur", concède le Montpelliérain Benat Uthurralt.
Soutien économique au pays
En dehors de la promotion de la culture basque, deux autres activités apparaissent dans les statuts des euskal etxe : le soutien à l'activité économique du Pays basque et la promotion des jeunes artistes qui en sont originaires. Aussi, lorsque les etxe organisent des repas, un soin particulier est apporté à la provenance des produits et aux artistes qui viennent l'animer. A Paris, tous les fournisseurs sont issus du pays. Pour la première fois, Sébastien Daguerre a même décidé d'apporter un soutien financier direct à la pastorale de Larrau. Un geste qu'il espère bien pouvoir répéter à l'avenir. Du côté des artistes, les jeunes talents basques sont régulièrement invités à s'exprimer en musique, théâtre , dans ou à travers une exposition d'art au sein des etxe.
Une association apolitique
A Paris, il existe aussi une association humanitaire Lokarria, qui oeuvre en faveur des familles des prisonniers basques. Pour autant, les euskal etxe se refusentt à toute prise de position politique : "Nous sommes une association apolitique", confirme David Mugica de Bordeaux. "Dans nos statuts, il est spécifié qu'il ne doit s'y tenir aucune discussion d'ordre religieux, ni afficher de 'positionnement' politique. En tout cas en ce qui concerne la question basque. En revanche, nous pouvons être amenés à échanger sur les questions d'identité culturelle ou d'aménagement du territoire par exemple".