La presse en parle
< Retour aux actualitésSur un air de Xirüla
Phrophète en son pays
Dans notre société, moderne, nouvelle, un peu folle ou carrément démontée, on croise de beaux parleurs qui ne veulent rien dire, et des peu loquaces bien plus efficaces qu'on ne l'imagine. J'oppose ici des bavards et des actifs et dans cette dernière catégorie je range sans hésitaion Pierre Oteiza, grand faiseur devant l'Eternel, qui renvoie plutôt à de bonnes lectures qu'à un discours qui pourrait lasser.
L'autre jour, la direction et la rédaction de la Semaine du Pays Basque ont effectué une espèce de pèlerinage en altitude chez ce Pierre Oteiza, aux Aldudes pour s'imprégner en quelque sorte de l'esprit de gagneur de celui-ci, en visitant ses cochons, Pie noir, ou rose, ses ânes, enfin toute sa ménagerie qui a pris place dans un espace qui n'avait rien d'accueillant au temps des diligences et qu'a parfaitement décrit le docteur André Dufilho dans on ouvrage "Docteur, un cheval vous attend - mémoire d'un médecin au Pays basque" (éditions Aubéron). Sous le soleil printannier, le parcours entre les espaces porcins - on ne peut parler ici de porcheries dans la mesure où les animaux vivent dehors dans des aires suffisamment vastes pour qu'ils ne se marchent pas sur les pieds, ni ne mettent leur nez dans l'arrière-train du frère d'à-côté- devient un régal, avant celui de l'assiette et les explications du maître des lieux autant géographiques qu'agro-pastorales, sociétales ou politiques. Mais jamais, en exposant sa réussite Pierre Oteiza ne s'auto-encense, même si on dit de lui qu'il a ressuscité une vallée de moyenne montagne. Alors disons-le à sa place et suggérons à nos gouvernants, en recherche de gens qui entreprennent et qui gagnent, de penser à cet éleveur au jour de la distribution des médailles à ruban rouge. Ils pourront pour se persuader aller faire un tour au milieu de son parc animalier et s'asseoir à sa table pour un programme riche et plein d'enseignements, celui par exemple de constater qu'un cochon en liberté ne dégage pas d'odeurs désagréables, et que pour pénétrer dans le saloir de la vallée qui réunit 40 000 jambons de diverses origines, il faut se vêtir comme un chirurgien en salle d'opération.
Mais on ne visite pas le saloir-séchoir comme on va à la grotte de Lourdes. Il ne faut pas déranger les jambons qui s'affinent en silence et prennent le temps de vieillir jusqu'à la perfection. Il y a les "bayonne", un peu arrondis à l'extrémité en forme de banjo, les "kintoa" d'allure un peu plus allongée, comme une mandoline à manche long. Il sont issus des cochons roses ou blancs et noirs, ces derniers étant les rescapés d'une race en voie de disparition et qui doivent leur permanence sur ce bel espace bas-navarrais à Pierre Oteiza et quelques-uns de ses amis.
Au matin de notre visite, deux autobus amenant des visiteurs de la région ont fait étape aux Aldudes. Il est loin le temps de la maison menta où stationnait le cheval pour le docteur Dufilho. Aujourd'hui, tous les fermes ont retrouvé leur fils et sont rénovées.
Quand on vous dit qu'Oteiza a participé à la résurrection de sa vallée des Aldudes !